mardi 21 avril 2015

Le Colisée de Rome

Devant le Colisée, méfiez-vous de ces hommes en costume de gladiateurs qui vous proposent de poser pour une photo qui n’est pas gratuite. Mieux vaut passer votre chemin ou au préalable négocier le prix de la photo. Je vous conseille aussi d’y aller à l’ouverture des portes le matin pour éviter les longues files d’attente.

De nos jours, le Colisée est le plus célèbre des monuments de Rome. Majestueux, il demeure un exemple notoire de l’architecture romaine et de façon générale symbolise encore et toujours la grandeur de l’empire romain.

A l’origine, les Romains l’avaient appelé l’Amphithéâtre Flavien mais, plus tard, il acquit un tout autre nom.  Peut-être était-ce en référence à la colossale statue de Néron en bronze (plus de 30 mètres de hauteur) érigée juste en face du Colisée ou bien était-ce simplement pour sa structure colossale ?

Quoiqu’il en soit, des quelques 250 amphithéâtres que comptait Rome, le Colisée en était certainement le plus grand et le plus célèbre. Des badauds des quatre coins de l’empire venaient admirer cette gigantesque structure crée par l’homme et symbole de l’ingéniosité et de l’ingénierie romaine.

Sa forme ovale couvre une surface de prés de six hectares. Actuellement, il ne reste qu’un tiers du Colisée, la partie nord étant la mieux préservée avec le dernier étage encore intact. À l’inverse de la partie sud, qui est plus endommagée mais qui offre néanmoins un meilleur aperçu de la structure en elle-même.

Des statues  monumentales de dieux grecs et romains tels que Zeus, Athéna ou encore Hercules étaient érigées sous les arches des deux étages du milieu.

Moins de dix ans furent nécessaires pour construire le Colisée et ce sous le règne de trois empereurs de la dynastie des Flaviens. Imaginé par Vespasien en 72 après J-C, il fut inauguré par son fils Titus en 80 et plus tard la construction fut achevée par Domitien, le fils cadet de Vespasien.

Pour ce faire, il a fallu assécher un lac dans cette vallée située entre trois collines (Caelius, Oppius et Palatin). Pour les fondations, on fit couler douze mètres de béton et pour le squelette extérieur du Colisée, des blocs de travertin (une pierre calcaire) furent apportés de Tivoli.

Le Colisée était doté de 80 entrées et pouvait accueillir 50 000 spectateurs qu’il était possible d’évacuer en seulement quinze minutes. 

Les jeux se passaient sur l’arène, une surface plate en forme d’ellipse. De nos jours, l’arène n’existe plus, on peut seulement apercevoir les passages souterrains. Ils étaient en quelque sorte les coulisses du spectacle où les animaux étaient préparés, où les gladiateurs pouvaient s’échauffer avant leur combat et où les prisonniers faisaient leur dernière prière. À l’origine, l’arène était recouverte de bois et parsemée de 20 cm de sable, d’ailleurs arena en latin signifie sable.
Sous l’arène, un système de poulies et 80 ascenseurs permettaient de faire apparaître, par le biais de portes dérobées, des animaux à n’importe quel endroit de l’arène. Le combattant n’avait donc aucune idée de ce qui pouvait lui tomber dessus, ce qui avait pour habitude de beaucoup amuser les spectateurs.

Les animaux provenaient du monde entier, il y avait des tigres, des crocodiles, des lions, des rhinocéros, des éléphants, des zèbres, des hippopotames et même des ours.

Les jeux commençaient le matin avec des petits numéros comme par exemple un chien attaquant un porc-épic ou un chasseur errant au milieu d’un décor de forêt et traquant une proie.
Le midi, divers criminels et prisonniers de guerre étaient exécutés et, à chaque fois, les Romains faisaient preuve d’une grande créativité. Parfois, ils étaient jetés aux lions, complètement nus et sans arme pour se défendre et d’autres fois ils étaient déguisés en héros légendaires comme Hercules ou Adonis et contraints d’endosser le premier rôle d’une pièce dont la fin était connue de tous : la mort du héros / prisonnier.

Entre chaque combat, des numéros humoristiques étaient présentés aux spectateurs : des clowns, des jongleurs, etc.

L’après-midi, les combats cruels et sanglants prenaient place. Au son des trompettes et des tambours, les gladiateurs entraient dans l’arène du côté ouest de l’amphithéâtre et paradaient autour de l’arène tout en saluant les Vestales. Puis, ils s’arrêtaient devant l’empereur, levaient leurs armes et le saluaient en criant : ‘Ave Caesar morituri te salutant’,‘ceux qui vont mourir te saluent’ (bien que certains érudits remettent en question la véracité de cette information). Ensuite les jeux qu’attendaient avec impatience les spectateurs pouvaient enfin commencer avec des combats mortels d’animaux sauvages ou encore des gladiateurs combattant des animaux . Tous ceci finissait généralement par la mort d’au moins un des combattants.

Chaque gladiateur choisissait son arme de prédilection. Certains portaient l’épée, le bouclier et le casque pendant que d’autres lançaient le javelot. Quelques-uns jetaient un filet de pêche pour piéger leurs opposants et ensuite les transpercer à coup de lance.

Si l’un d’entre eux s’effondrait suite à ses blessures alors son opposant irait demander à l’empereur s’il devait vivre ou mourir. Parfois celui-ci laissait cette décision aux spectateurs : le pouce levé indiquait qu’il avait la vie sauve tandis que la mise à mort fut prononcée par le pouce baissé.

Une fois le verdict donné, un employé déguisé en Charon, la Grande Faucheuse de la mythologie grecque transportait le corps sans vie en dehors de l’arène. Le sang était ensuite recouvert d’une couche de sable, prêt pour le combat suivant.

En 80 après J-C, à l’occasion de l'inauguration du Colisée, Titus organisa un festival d’une durée de 100 jours où 2 000 hommes furent tués et 9 000 animaux furent massacrés. Cela équivaut à peu près à un décès toutes les cinq minutes.

Les employés du Colisée devaient régulièrement vaporiser du parfum tout autour de l’arène pour masquer l’odeur fétide du sang.

Les gladiateurs étaient souvent issus de la classe sociale la plus pauvre. Anciens esclaves, criminels ou prisonniers de guerre, ils se battaient pour obtenir leur liberté, s’enrichir ou simplement pour la gloire.

Ils s’entrainaient au combat dans des écoles spécialisées où ils apprenaient à manier les armes y compris le glaive, ‘gladius’ en Latin, d’où le nom de gladiateur. Pour les meilleurs d’entre eux, remporter des combats leur ouvrait les portes de la célébrité, de l’opulence et même parfois celles de la liberté.

Le ticket d’accès aux jeux du Colisée était en réalité un morceau de poterie sur lequel étaient indiqués l’entrée, la zone, la rangée et le numéro de siège. Avant que les jeux ne commencent, les spectateurs pouvaient acheter à manger ou divers souvenirs tels que des verres à vin avec les noms de célèbres gladiateurs.

Les jeux étaient extrêmement populaires et toujours gratuits. Ils étaient parrainés par les riches dans le seul but d’obtenir le soutien du peuple et de débarrasser les rues de Rome de la populace grandissante des sans-emploi. Cette politique sociale connue sous le nom de ‘Panem et Circenses’, ‘Du pain et des jeux’ fonctionnait parfaitement.

La stricte hiérarchie qui régnait à l’époque à Rome déterminait l'attribution des sièges. Au niveau de l’arène, se trouvaient les meilleurs places. Elles étaient exclusivement réservées à l’empereur, aux sénateurs, aux Vestales et à d'autres VIPs. C’étaient des sièges en marbre sur lesquels le nom de la personne avait été gravé. Un peu plus au dessus, s’asseyaient les romains de noble filiation et tout en haut du Colisée étaient situées les places les moins chers, attribuées aux citoyens romains libres plus connus sous le nom des plébéiens.

Une immense toile était tendue au dessus du Colisée dans le but de fournir de l’ombre aux spectateurs. Néanmoins celle-ci ne couvrait seulement qu'un tiers de l’amphithéâtre. Les plébéiens étaient donc toujours protéger du soleil tandis que tout en bas, l’empereur subissait les effets d’un soleil ardent.

Dans notre société actuelle, ces pratiques peuvent paraître barbares mais à il y a 2 000 ans, cela convenait parfaitement à la société romaine. C'était une nation de guerriers qui, par ses nombreuses conquêtes, a construit un immense empire... Veni, Vidi, Vici.